ARGUMENTAIRE
L’histoire de la Côte d’Ivoire a été un vaste chantier de l’indépendance aux années quatre-vingt. Il ne s’agissait rien moins que de la redécouverte ou de la reprise de soi qui permet à un peuple d’assumer les valeurs positives de son héritage ancien, de retrouver l’identité du destin collectif afin de se mobiliser dans l’unité (Loucou, 1984, p.7). Ainsi, l’histoire du peuplement a pris son envol avec les historiens ivoiriens soucieux de reconstituer le passé de leur pays. Cette volonté visait également à corriger les écueils contenus dans l’historiographie coloniale. L’utilité de l’histoire du peuplement résidait dans la construction de la jeune nation ivoirienne. Les études menées par les pionniers historiens et archéologues ivoiriens, à l’image de Henriette Dagri Diabaté, Georges Niamkey Kodjo, Simon-Pierre Ekanza, Sékou Bamba Mohamed, Victor Tiegbé Diabaté, Ferdinand Tiona Ouattara, Jean-Noël Loucou, Gilbert Gonnin, Allou Kouamé René, etc, révèlent que la présence des hommes sur la terre ivoirienne est très ancienne et remonte à la Préhistoire. Cette présence humaine est suffisamment répartie sur l’espace géographique ivoirien, bien que le taux d’occupation soit loin d’être partout uniforme et dense.
L’archéologie ivoirienne, par des fouilles méthodiques, confirme cette réalité historique. Elle est une discipline scientifique dont l’objectif principal est d’étudier et de reconstituer les civilisations et l’histoire de l’humanité, de la préhistoire à l’époque contemporaine, à travers l’ensemble des traces matérielles laissées par l’homme, dans son milieu environnemental. En ce sens, elle est incontournable pour l’étude de l’histoire et des cultures des sociétés africaines en général et de la Côte-d’Ivoire en particulier, dont une grande partie des civilisations passées et des savoirs techniques disparaissent sans être étudiés ni sauvegardés. Il est aussi attesté que, pour la période avant le XVe siècle, l’histoire et la connaissance des cultures de l’Afrique ancienne sont très difficiles à saisir à cause de l’absence de documents écrits. L’archéologie reste donc, pour cette période, l’une des disciplines de base pour l’approche historique et culturelle des sociétés ivoiriennes (Kienon-Kaboré, 2010, p. 39). En effet, l’archéologie est une discipline fondamentale pour la connaissance de l’histoire et de la culture des sociétés, en grande partie à civilisation orale. Les travaux des premiers archéologues ivoiriens, à l’instar de Victor Tiegbé Diabaté, François Yiodé Guédé, Lemassou Fofana et Bernadine Biot Kouao, demeurent des apports indéniables pour la connaissance des premiers peuples de la Côte d’Ivoire. Les plus anciens vestiges matériels, notamment dans la région de Toumodi, attestent de la présence humaine en Côte d’Ivoire entre 18 000 et 120 000 ans. Mais c’est probablement au Néolithique, c’est-à-dire, il y a environ 10 000 ans que se constituent les premières ethnies ivoiriennes. Ces premiers hommes taillent la pierre, savent également la polir, font de la poterie, mais ne connaissent pas encore les métaux. Cependant, ils savent désormais cultiver la terre, élever du bétail. Ils édifient des villages, apprennent à conserver des richesses et aussi à faire la guerre (Ekanza, 2021, p. 34).
La présence avérée, dans un passé encore récent, de petits hommes à l’orée des villages, atteste l’existence d’un peuplement originel, sur le sol ivoirien, des pygmées qui sont aussi désignés de « Négrilles », diminutif de Nègre. L’existence de ces petits hommes, habitants de la brousse, transparaît dans toutes les traditions orales ivoiriennes. Les Baoulé les appellent Kakatika, les Agni Akouwa, les Dida Dagodigoyue, les Gouro Yônin, les Alladian Assamangbin, les Bété Bidi Köbei, les Sénoufo Mandébélé…etc. Ils se sont fondus par assimilation et métissage dans les populations préalablement installées au Néolithique (Ekanza, 2021, p. 35). Apparaissent ainsi les anciens habitants de la Côte d’Ivoire sur toute l’étendue du territoire. Au Sud, font figure d’anciens habitants les Brékégonin, les Adissi, les Ahizi, les Agoua, les Eotilé, les Kotrowou, les Zéhiri et les Ega. Dans la zone forestière du centre, de l’est et de l’ouest, les Magwé, les Wê, les Wenmebo, les Gagou, les Mona, les Ouan, les Ben ou Ngan, les Gbomi, les Goli, les Anafo et les Asrin ou Mbattra y constituent les anciens habitants. Quant au nord, ils sont constitués des Falafala, des Myoro, des Gban, des Gouro, des Nabé, des Zazéré et des Lorhon. Ces populations fusionnent avec celles trouvées sur place et vont constituer la base du peuplement futur, car celui-ci est loin d’être achevé, bien que les espaces culturels soient ainsi délimités. A partir du XVe siècle et durant les siècles postérieurs, la Côte d’Ivoire reçoit de nombreuses autres populations venues de divers horizons. A la fin du XVIIIe siècle-début XIXe siècle, s’achève le peuplement ivoirien ; il est constitué d’une couche ancienne – les anciens habitants- recouverte de vagues successives d’immigrants, venus tantôt du Nord, tantôt de l’Ouest, ou encore de l’Est, autant dire de l’ensemble de la sous-région. Ils appartiennent en effet aux quatre grands groupes ethniques suivants : akan, gur ou voltaïque, mandé et krou. En réalité, dans leur nouveau site d’habitation, chacun de ces groupes forge sa personnalité ethnique : ainsi les aires culturelles se constituent-elles. Les anthropologues en dénombrent six : mandé nord, mandé sud, krou, gur ou voltaïque, akan et lagunaire, mais en réalité les aires culturelles peuvent se ramener à quatre : akan, mandé, krou et gur ou voltaïque, individualisées autant par leur unité que par leur diversité qui découle des traits particuliers et spécifiques de chacun des groupes. Chacune des aires culturelles déborde largement les limites du territoire ivoirien, ultérieurement tracé par le colonisateur, pour s’étendre sur les pays voisins dont les populations proches partagent en commun les coutumes et les modes de vie, en un mot les traits culturels (Ekanza, 2021, p. 45).
De 1960 à nos jours, il convient de faire le point d’avancement des connaissances acquises sur les migrations et le peuplement de la Côte d’Ivoire, de faire connaître les précieuses trouvailles archéologiques et les découvertes historiques nouvelles. La contribution de l’archéologie à l’histoire du peuplement, et l’actualisation des informations sur la formation des ethnies de la Côte d’Ivoire constituent les principaux résultats attendus de cet ouvrage, car les recherches sur l’histoire de la Côte d’Ivoire, soutenues ou/et publiées ces trente dernières années, imposent de réaliser maintenant un ouvrage de synthèse sur l’histoire des migrations et du peuplement en Côte d’Ivoire. Car le travail de l’historien est comparable à celui du mineur de fond : exhumer de l’oubli les pages de notre histoire, et informer sur ce que la nation a de plus précieux, son patrimoine historique (Ekanza, 2006, p. 13).
Plusieurs ouvrages et de nombreuses thèses soutenues dans les universités ivoiriennes et étrangères devront permettre de rassembler et d’ordonner de façon méthodique l’ensemble de toutes ces productions archéologiques et historiques essentielles dans le but de proposer une synthèse globale et dynamique de l’histoire de la Côte d’Ivoire des origines au XIXe siècle.
Les propositions d’articles pourront porter sur les axes ci-après :
➢ Peuplement de la Côte d’Ivoire sous l’éclairage de l’archéologie ;
➢ Migrations et peuplement de la Côte d’Ivoire du XIe au XIVe siècles ;
➢ Migrations et peuplement de la Côte d’Ivoire du XVe au XIXe siècles ;
➢ Synthèse d’ouvrages portant sur l’archéologie, les migrations et le peuplement de la Côte d’Ivoire.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
ALLOU Kouamé René, 2015, Les Akan, peuples et civilisations, Paris, L’Harmattan-Côte d’Ivoire, 890 p.
DIABATE Henriette (S/D), 1987, Mémorial de la Côte d’Ivoire, tome 1 : Les fondements de la nation ivoirienne, Abidjan, AMI, 290 p.
DIABATE Tiègbè Victor, 1988, L’évolution d’une cité commerciale en région de savane : le cas de Kpon, Paris, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, thèse pour le doctorat d’Etat-ès-lettres, 633 p.
EKANZA Simon Pierre, 2006, Côte d’Ivoire : Terre de convergence et d’accueil (XVe-XIXe siècles), Abidjan, les éditions du CERAP, 118 p.
EKANZA Simon-Pierre, 2021, Côte d’Ivoire, une société multiculturelle en marche malgré tout vers l’unité et la paix, Abidjan, éditions de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, 274 p.
GONNIN Gilbert, ALLOU Kouamé René, 2006, Côte d’Ivoire : les premiers habitants, Abidjan, les éditions du CERAP, 122 p.
LATTE Egue Jean Michel, 2018, L’histoire des Odzukru, peuple du sud de la Côte d’Ivoire, des origines au XIXe siècle, Paris, L’Harmattan-Côte d’Ivoire,
LOUCOU Jean-Noël, 1984, Histoire de la Côte d’Ivoire, tome 1 : La formation des peuples, Abidjan, CEDA, 208 p.
OUATTARA Tiona, 1991, Tradition orale, initiation et histoire : la société sénoufo et sa conscience du passé, thèse pour le doctorat d’Etat ès lettres et sciences humaines, Panthéon Sorbonne, Université de Paris, 3 volumes, 979 pages.
PERROT Claude-Hélène, 2008, Les Eotilé de Côte d’Ivoire aux XVIIIe et XIXe siècles. Pouvoir lignager et religion, Paris, publications de la Sorbonne.
MODALITES DE PROPOSITION :
Tout projet d’article sera soumis à une évaluation par le comité scientifique. Il doit être rédigé en Calisto MT 12, en interligne simple, et doit comporter l’axe choisi, le nom et prénoms de l’auteur, le grade, l’adresse électronique, le laboratoire ou le département et l’institution de rattachement de l’auteur. Les auteurs devront se conformer aux normes du CAMES pour la présentation de leurs textes.
Ne sont présentées dans les références bibliographiques que les références des documents cités. Les références bibliographiques sont présentées par ordre alphabétique des noms des auteurs.
Une contribution de 50 000F CFA sera demandée à chaque auteur comme participation aux frais de publication de l’ouvrage collectif.
L’adresse e-mail suivante est celle retenue pour recevoir les propositions de communication et autres échanges : synthesepeuplementci@gmail.com
REGLES D’ETHIQUES ET DE DEONTOLOGIE :
Toute soumission d’article sera systématiquement passée au contrôle anti-plagiat et tout contrevenant se verra définitivement exclu par le comité de lecture.
CALENDRIER :
Date de publication : 30 janvier 2025
Envoi des articles : du 25 avril au 29 juillet 2024
Notification aux contributeurs : 05 août 2024
Envoi des articles corrigés : 16 septembre 2024
Mail : synthesepeuplementci@gmail.com
Contacts : 0101006594/ 0707137041/0707358449
COORDINATION :
M’BRAH Kouakou Désiré, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
KOUAO Biot Bernadine, archéologue, Maître-Assistante, Université Félix-Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)
KAMARA Adama, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
ESSOH Nome Rose de Lima, historienne, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
COMITE SCIENTIFIQUE :
Prof. EKANZA Simon Pierre, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. ALLOU Kouamé René, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. ALONOU Kokou Benjamin, historien, Université de Lomé (Togo)
Prof. BAMBA Mamadou, historien, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. BATENGA Willy Moussa, historien, Université Joseph Ki-Zerbo Ouaga 1 (Burkina-Faso)
Prof. BEKOIN Tanoh Raphaël, historien, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. BRINDOUMI Atta Kouamé Jacob, historien, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. ETOU Komlan, historien, Université de Lomé (Togo)
Prof. FAYE Ousseynou, historien, Université Cheikh Anta Diop (Sénégal)
Prof. GBODJE Sekré Alphonse, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. GOLE Koffi Antoine, historien, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. GONIN Gilbert, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. GOUMGNIMBOU Moustapha, historien, université de Ouagadougou (Burkina-Faso)
Prof. HOUENOUDE Didier Marcel, historien, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
Prof. KIENON-KABORE Timpoko Hélène, archéologue, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. KLAUS Van Eickels, Université de Bamberg (Allemagne)
Prof. KONIN Sévérin, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. KOUAME Aka, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. KOUASSI Kouakou Siméon, archéologue, Université de San-Pedro (Côte d’Ivoire)
Prof. KY Jean Célestin, historien, université Joseph Ki-Zerbo (Burkina-Faso)
Prof. LATTE Egue Jean Michel, historien, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. LOUCOU Jean Noël, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. MANDE Issiaka, historien, Université du Québec (Canada)
Prof. N’GUESSAN Mohamed Boubacar, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. OUATTARA Tiona Ferdinand, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. PARE Moussa, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Prof. SANGARE Souleymane, historien, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
Prof. WANYAKA Bonguen Oyyongmen Virginie, historienne, Université de Yaoundé I (Cameroun)
COMITE DE LECTURE :
AGOH Akabla Florentine épouse Kouassi, historienne, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
AKA Adou, historien, Maître de conférences, Université Lorougnon Jean Guédé (Côte d’Ivoire)
ANGOUA Adjé Sévérin, historien, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
ASSANVO Mian Kassy Newson Mathieu, historien, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
AWO A. Dieudonné, historien, Maître de conférences, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
BALDE Mamadou Yéro, historien, Maître de conférences, Université Cheikh Anta Diop (Sénégal)
BINATE Issouf, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
CISSE Chikouna, historien, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
DIPO Ilaboti, historien, Maître de conférences, Université de Kara (Togo)
ESSOH Nome Rose de Lima, historienne, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
KAMARA Adama, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
KOMENAN Houphouët Jean Félix, historien, Maître de conférences, Université Lorougnon Jean Guédé (Côte d’Ivoire)
KOUAKOU N’Dri Laurent, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
KRA Adingra Magloire, historien, Maître de conférences, Université Lorougnon Jean Guédé (Côte d’Ivoire)
M’BRAH Kouakou Désiré, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
MEIGNAN Goueda Richard, historien, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
MIEMBAON Georges, historien, Maître de conférences, Université Marien Ngouabi, Brazzaville (Congo)
SARR Nissire Mouhamadou, historien, Maître de conférences, Université Cheikh Anta Diop (Sénégal)
SEDOGO Vincent, historien, Maître de recherches, CNRTS, (Burkina-Faso)
SEKA Jean Baptiste, historien, Maître de conférences, Université Lorougnon Jean Guédé (Côte d’Ivoire)
SERI Jean-Jacques, historien, Maître de conférences, Université Lorougnon Jean Guédé (Côte d’Ivoire)
SOHI Blesson Florent, historien, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
TANAI Aboubacar, historien, Maître de conférences, Université de Lomé (Togo)
TANO Kassi Pascal, historien, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
TEGNA Edith Mireille, historienne, Maître de conférences, Université de Ngaoundéré (Cameroun)
TRAORE Bakary, historien, Maître de conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
VIDO Arthur, historien, Maître de conférences, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
ZRAN Toily Anicet, historien, Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)