Appel à Communication pour le Colloque International de Yamoussoukro sur les descendants de migrants en Afrique de l’Ouest

Colloque de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire)

Thème : « On les appelle « taboussés/taboussis », « dankasa » … les descendants de migrants en Afrique de l’Ouest »

12-14 décembre 2022

APPEL À COMMUNICATION

Argumentaire
Dans l’Ouest africain, les migrations constituent « une donnée socio-économique majeure depuis les conquêtes coloniales ». Il s’agit surtout de migration interne à cette sous-région. Intensifiées dans le contexte colonial, les migrations sous-régionales ont relevé de logiques dans un premier temps de contrainte, puis sont devenues économiques dans le cadre de migration libres de travail. Les pays de l’hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger actuels) furent perçus comme un « réservoir » de main-d’œuvre et les pays de la zone côtière (Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal, Nigéria) comme des « îlots de prospérité ». Progressivement, une causalité cumulative, conduit à des migrations circulaires ou définitives. Quelles soient préméditées ou pas, les migrations pluriannuelles, viagères et définitives contribuent à la constitution de diasporas. Le terme diaspora bien qu’accepté par la communauté de chercheurs fait toutefois l’objet de débats épistémologiques et de redéfinitions dans l’espace géographique ouest-africain. En effet, à des degrés divers, tout pays est à la fois un foyer d’émigration et un foyer d’immigration.
L’installation progressive des migrants et de leurs familles dans les pays d’accueil a permis la construction d’importantes communautés diasporiques. Elle s’est faite de différentes manières :
– des migrants en quittant leurs pays d’origine sont partis avec leurs épouses et ont eu des enfants dans le pays d’accueil,
– des migrants, après un séjour dans les pays d’accueil sont allés temporairement dans leurs pays d’origine, y ont contracté des mariages et sont revenus s’installer durablement,
– des migrants ont épousé des femmes autochtones dans les pays d’accueil,
– des descendants de migrants se sont mariés au sein de la communautés diasporiques, etc. De fait des décennies d’immigration dans les pays d’accueil justifient la présence de plusieurs générations d’immigrants et de descendants d’immigrants. Le cas de la Côte d’ivoire est assez emblématique. Grand foyer d’immigration en Afrique de l’Ouest, on note une tendance ascendante du nombre d’immigrés puis depuis les années 1990, une tendance baissière. La forte proportion de non nationaux au sein de la population ivoirienne en fait une singularité ce qui donne lieu à des débats et amalgames. On perd de vue que les descendants de migrants sont nés dans le pays d’accueil de parents, grands-parents ou arrière grands parents immigrés. Quelles que soient les causes de leur immigration, les populations d’origine étrangère ont besoin de s’intégrer. Il en est de même pour leurs descendants. Pour ce faire, elles déploient des stratégies variées sur les plans économique, socioculturel et juridique. En effet, la vie des immigrés oscille de ce fait entre des processus complémentaires ou opposés, notamment :
–     l’intégration ie une adhésion et un partage des valeurs, des logiques qu’une volonté d’appartenir à la communauté d’accueil tout en étant reconnu comme un ensemble homogène;
–     l’assimilation ie se fondre dans la communauté d’accueil en excluant tout particularisme.
Le groupe spécifique des descendants de migrant-e-s est au centre des réflexions de ce colloque dont le thème central est « Les descendants de migrants en Afrique de l’Ouest ».
Des concepts ont été forgés dans les langues nationales, tant au niveau des communautés d’origine des migrants, des communautés diasporiques qu’au niveau des communautés d’accueil, pour désigner les descendants de migrants. Ce sont par exemples, les termes, « taboussés/taboussis », « dankasa »… dont l’histoire mérite des analyses.
Dans la mise en œuvre des migrations transnationales, des mécanismes et des valeurs transgénérationnelles ont, par ailleurs, été expérimentés. L’intégration des descendants de migrants a des enjeux singuliers. Nés dans le pays d’immigration de leurs parents, ils vivent une sorte d’entre-deux. Ils sont à la fois d’ici (pays d’accueil) et d’ailleurs (pays d’origine). Cette situation est davantage renforcée lorsque l’un de leurs parents est ressortissant du pays d’accueil. C’est le cas au Ghana des « dankasa », terme haoussa désignant les descendants d’immigrants nés de mères ghanéennes. L’Afrique de l’Ouest étant une grande zone de migrations intrarégionales et de brassage de populations, les pays de la région, à des degrés divers, abritent des descendants de migrants. La Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal, le Nigéria, le Burkina Faso et le Mali sont des exemples de pays fortement impactés par la réalité des descendants de migrants. Cependant, des études sur ce groupe spécifique sont peu nombreuses.
Une question fondamentale se pose alors au sujet de l’intégration des descendants de migrants : Combien de générations d’enfants de migrants doivent encore être considérées dans les effectifs de population immigrée, alors qu’on ne nait évidemment pas « immigré » ? Dans les pays d’accueil, les descendants de migrants constituent une frange de plus en plus importante de la population. Cela représente une évolution démographique fondamentale dans les pays d’immigration. De par leur statut juridique, les descendants de migrants se répartissent entre nationaux des pays d’accueil et ceux des pays d’origine. Ces derniers rentrent temporairement ou définitivement dans leurs pays d’origine pour des raisons diverses. Le Burkina Faso, par exemple, accueille depuis des décennies de manière croissante en provenance de la Côte d’Ivoire plusieurs milliers de descendants de migrants en quête d’inscriptions dans les universités publiques.
Une véritable reconstruction identitaire s’effectue alors dans le pays d’accueil, chez les migrants et plus encore chez leurs descendants. A des degrés divers, ces derniers entretiennent à la fois un lien avec le pays de naissance et celui d’origine, vivant donc dans une « double inscription ». Certains descendants de migrants sont en rupture progressive de liens avec leurs pays d’origine. Ils sont alors dans des logiques avancées d’intégration et d’assimilation. Des enjeux socioculturels, économiques, juridiques et politiques existent chez les descendants de migrants dans un contexte de revendications diverses et de déni identitaire dans les pays d’accueil et d’origine.
Dans la dynamique du transnationalisme dans l’étude des migrations, les communications pourraient aborder la thématique du colloque à partir des symboles d’appartenances, les logiques de mobilités, les représentations des territoires, des frontières et des états-nations d’origine et l’influence des communautés.

Axes de réflexion 
Les axes majeurs suivant lesquels les communications devront être proposés sont les suivants :
Axe 1 : L’intégration socioéconomique et culturelle des premières générations de descendants de migrants et la problématique du « retour au pays »
Axe 2 : Les questions de la nationalité/citoyenneté des descendants de migrants, leurs engagements politiques et de l’apatridie
Axe 3 : Les constructions identitaires et les sentiments d’appartenance chez les descendants de migrants : être d’ici et là-bas.  

Institutions organisatrices :
Le colloque est organisé par la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Recherche de la Paix avec des universités partenaires : Université Félix Houphouët-Boigny, Université de Ouagadougou Joseph Ki-Zerbo, Université du Québec à Montréal.

Participants ciblés
Divers profils de participants sont attendus à ce colloque. Ce sont particulièrement, les enseignants-chercheurs des universités, les chercheurs des institutions de recherche, les doctorants. Hormis le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, des participants sont attendus du milieu des experts en matière de migrations, des institutions internationales, des ONG, du monde politique et des institutions gouvernementales, etc.

Langues de travail
La langue de travail lors du colloque est le français. Cependant, des communications en anglais sont acceptées.

Comité scientifique:
Président
Pr. MANDÉ Issiaka, Département science politique, UQAM, Montréal, Canada.

Membres
Pr. BANTENGA Moussa Willy, historien, Université Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou, Burkina Faso.
Dr. M. C. CISSÉ Chikouna, historien, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Pr. LOUCOU Jean Noël, historien, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire. Pr. NDIAYE Ndeye Dieynaba, juriste, Département des sciences juridiques, UQAM, Montréal, Canada.
Dr. SERHAN Nasser, Géographe, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Pr. PICHÉ Victor, Professeur honoraire, Université de Montréal, Montréal, Canada.
Dr. M. C. PARÉ Moussa, historien, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Dr. M. C. SAWADOGO Boukary Mathias, historien, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Dr. M. C. SAWADOGO Mahamadou, sociologue, Université Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou, Burkina Faso.
Dr. SOUKOUNA Sadio, politologue, UQAM, Montréal, Canada.

Secrétariat du comité  
Dr. M. A. OUEDRAOGO Serge Noël, historien, Université Joseph KI-ZERBO, Ouagadougou, Burkina Faso.
Dr. KABORÉ Adama, Abidjan, Côte d’Ivoire.

Comité d’organisation  

Président :
Dr. M. C. PARÉ Moussa, historien, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.

Membres
Dr. M. C. CISSÉ Chikouna, historien, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Dr. M. C. SAWADOGO Boukary Mathias, historien, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Dr. M. A. OUEDRAOGO Serge Noël, historien, Université Joseph KI-ZERBO, Ouagadougou, Burkina Faso.
Dr. KABORÉ Adama, Abidjan, Côte d’Ivoire.

Modalités de soumission
Les propositions de communication devront comporter un titre, le nom et le prénom, la fonction, l’adresse électronique, le numéro de téléphone, l’affiliation institutionnelle de /des auteur(s) et un résumé (en français et en anglais) de 250 mots au maximum, présentant la problématique du sujet, le cadre théorique et méthodologique et des mots clés (maximum 5). Les résumés et articles, rédigés à la police Times New Roman, interligne 1,5, doivent être envoyés sous format Word à l’adresse suivante : colloquedescendantsdemigrants@gmail.com.

Dates pratiques
–  30 Juillet 2022 : Date limite de réception des propositions de communications
–  15 Août 2022 : Réponse aux contributeurs/confirmation de participation au colloque
–  30 Octobre 2022 : Date limite d’envoi des articles rédigés
–  12 Décembre 2022 : Tenue du colloque
–   28 Février 2023 : Envoi des articles réaménagés
–   30 Mai 2023 : Publication des actes du Colloque.

Eléments de bibliographie
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